plume

Voilà, l'artiste insomniaque, asociale et torturée est de retour. Viens de passer deux heures sur un nouveau bout d'histoire, après m'être barrée de soirée et avoir fait le tour de la ville à pattes, en bouffant des sucettes et en fumant des clopes, genre tout est normal. Bon. Et là le moral est plutôt ok, puisque je suis encore perdue dans les mots, les mots qu'il faudra écrire, et comment décrire telles et telles choses, et que dire, et pourquoi et comment. Ecrire et oublier, oublier les angoisses du jour, les angoisses avant de dormir, les coups de nerfs, et une nouvelle embrouille. Avec R, cette fois. Ouais, le meilleur pote de mon mec, on aurait pas pu choisir mieux. Ah, ces mecs misogynes, des fois ils feraient mieux de fermer leur g*****. Tout ça à cause de ce qui s'est passé samedi soir, cet espèce de *** est resté bloqué dessus, alors que tout le monde a compris pourquoi j'ai ragé, que mon mec s'est excusé, que son pote veut me faire des excuses dès qu'il me verra, lui non. Lui m'en veut d'avoir fait souffrir son pote au point de ne plus m'adresser la parole. Et franchement, je crois qu'il m'en veut plus d'être une fille que d'autre chose. C'est peut-être de la psycho de cuisine, mais j'ai l'impression d'avoir pris dans la gueule son dépit que ça ait foiré avec une certaine J, et son incapacité à foutre dehors deux squatteuses samedi dernier. J'ai l'impression d'être rejetée parce que j'ai osé revendiquer des choses de fille, ainsi qu'un certain droit de parole.

Et vous savez quoi? je l'emmerde. J'ai grave autre chose à foutre de ma vie que me la faire gâcher par des conneries machistes. Et comme j'ai autre chose à faire, justement, je vais changer de sujet.

Il a neigé toute la journée aujourd'hui, et j'ai trouvé ça génial. J'exorcise mes peurs morbides en écrivant des histoires sur des nanas traumatisées, et ça fait vachement du bien. J'ai trois (et depuis le début de la nuit, quatre) histoires principales, et même si dit comme ça ça peut paraître extrêmement badant, moi j'adore écrire. Dans ma première histoire, je parle d'une nana rescapée d'un truc atroce et de sa reconstruction. En ce moment elle est à l'hosto et un infirmier est en train de tomber amoureux d'elle. Elle a retrouvé un prénom et un nom, elle fait quelques fois des sourires, mais elle ne parle pas encore. Je la ferai peut-être parler un jour, mais pour le moment je la trouve mieux silencieuse.

Ma deuxième héroïne est une sorcière. Alors que je vous explique un peu le délire. A la base, ma petite histoire est partie après avoir lu Harry Potter. Quand je suis dans un bouquin, ou même quand il y a des gens qui m'inspirent mais que je connais pas, je finis par inventer leur vie. Donc là, ça partait d'Harry Potter, et j'étais frustrée en lisant le bouquin parce que tout le côté forces du mal était pas du tout expliqué ou vu d'un point de vue autre que manichéen. Alors mon personnage est une copine à Drago Malefoy, rien que ça. Même qu'elle fait peur à tout le monde. Sa mère est une meurtrière infantile et son père est un vampire, à la fois très sympa et très sadique. Elle, elle est très maigre mais très puissante. Bizarrement, dans les dernières choses que j'ai écrites sur elle, elle avait aussi atterri à l'hosto. Elle a toujours été très forte toute sa vie, mais maintenant elle se mets à lâcher du lest, pleurer et déprimer un coup. Et elle se fait chouchouter par ses potes. Elle apprend aussi accessoirement à tuer des loups à coup de couteaux et elle se bourre la gueule dans des cimetières en parlant aux fantômes.

Mon avant dernier personnage est encore une fille, mais elle est morte. C'est un cas un peu particulier, parce que je fais parler son mec, inspiré du chanteur d'Anorexia Nervosa (il me fascinait, il lui fallait donc une histoire). Donc elle, elle était bizarre. Un peu schizo mais très attachante et très chiante à la fois. C'est une vraie emmerdeuse, très suprenante. Elle fait du striptease et chante dans un groupe de métal; elle a aussi une moto. Quand son moral descend, elle se laisse crever de faim chez elle. Quand il est haut, elle part baiser avec tout le monde; mais en ce moment son mec est très triste, parce qu'elle s'est laissée crever, à 40 piges. Lui en a 50, environ. Alors pour faire son deuil, il écrit son histoire, la nuit, avec un verre de whisky.
Je me demande bien pourquoi beaucoup de mes personnages ont des tendances alcooliques, d'ailleurs.
Quand à mon dernier personnage... oh, bof, j'ai pas très envie d'en parler maintenant. Tout ce que je sais, c'est que ça va encore gigoter et hurler dans tous les sens. Y a déjà eu deux ou trois morts, et le début de l'histoire commence par une émeute magnifique. Il va y avoir des punks, aussi. Un punk blond, notamment, et on ne dira pas à qui il me fait penser, parce que ce serait pas drôle.

Et vous savez, j'ai jamais fait lire mes histoires à personne. Je voudrais bien, des fois, mais étant donné que ça part toujours de fantasmes sur des trucs qui pourraient m'arriver, j'ai pas envie que la personne à qui je les fasse lire puisse se dire, haaaa, elle a envie/peur de ça et de ça?? - c'est tellement intime. Je devrais peut-être les publier ici, qui sait. D'un autre côté... j'ai presque jamais terminé mes histoires. Une fois que j'ai raconté l'idée de base, j'ai un mal fou à continuer. Je peux laisser une histoire, un personnage à l'abandon pendant des mois et le reprendre après. Ah, si, il y a encore un personnage que j'aime bien, encore une fille. ça se passe dans un système complètement corrompu, et comme tout le monde est véreux, tout le monde a besoin d'un tueur à gage: mon héroïne et ses pairs. Elle est très sexy et elle vit dans une sorte de bidonville construit avec des branches d'arbres, qui s'écroule régulièrement mais ses amis viennent l'aider. Elle porte des pagnes en cuir, des cuissardes et des lunettes de soleil noires, et je pense qu'elle est le seul personnage pour qui j'ai eu de l'affection en ayant écrit seulement quelques paragraphes dessus.

Un jour, je me dis, j'écrirais bien un bouquin, mais je sais pas encore sur quoi. Je raconterais bien ma vie, dedans.

Je voulais vous dire aussi... j'ai de nouveau envie de maigrir. Et ça par contre c'est pas bien.