de la grande faucheuse

Dégoût, dégoût, dégoût. Je me réveille et l'humeur est massacrante. J'ai fait des rêves de merde cette nuit (j'avais le cancer, le monde s'écroulait sous mes pieds, mon mec était mort, une pute torturée tombait amoureuse de moi et pour finir j'éclatais la gueule d'une fille à papa dans un sex-shop) et j'émerge avec cette pensée réjouissante, on va tous crever. Ce qui me donne une singulière envie de pleurer et de ne plus rien faire en attendant. J'ai strictement aucune envie d'aller en boîte ce soir, ça c'est fait. Aucune envie non plus de suivre M pendant des heures pour faire tous les magasins de la ville. Enfin, chais pas.

On va tous crever.
C'est vrai? pourquoi? je trouve ça injuste. La vie commence juste j'ai pas envie de crever. Pourquoi j'y pense d'abord? C'est pas logique. On devrait pas se réveiller le matin et avoir des pensées comme ça. Bon d'un autre côté, c'est la stricte vérité. On va vraiment tous crever, c'est l'ordre des choses, la vie, la mort, c'est comme ça j'y peux rien. Pis ça devrait même pas me faire bader en fait, parce que crever ou pas de toute façon en principe j'ai encore du temps devant moi, j'ai pas 10 000 ans, je suis pas la première concernée. Je me crâme avec mon café mais on va tous y passer. Si je devais mourir demain je ferais quoi? je crois que je me prendrais sans doute une cuite mortelle, que je ferais une orgie mémorable. Etre complètement défoncée lors du grand saut, ça me plairait bien.

On va tous crever quand même.
Voilà que je suis reprise par mes angoisses de petite fille, quand je fixais le vide et que j'essayais d'imaginer le néant, le rien, la mort, et que ma mère me parlait de décapitations, de tortures, des rescapés de la Shoah, des violeurs, dealers et autres délinquants. J'étais très angoissée quand j'étais enfant. C'était comme si je portais les peurs de ma mère, au final. Et y a des fois où ça me reprend, cette angoisse terrible, où j'ai l'impression que chaque partie de moi va se dissoudre, où je ressens presque physiquement cette terreur à l'idée de la mort. Je crois que pour une métalleuse/gothique, y a rien de plus ironique. Mais comme dirait ma coloc, je combats le feu par le feu, et tout paraît logique à nouveau. Je me demande si le facteur le plus angoissant de la mort, c'est qu'en fait, on sait pas quand elle va arriver. Si au jour de notre naissance il y avait des petits bouts de papier avec le jour et l'heure de notre mort révélés dessus, peut-être qu'on flipperait vachement moins. Peut-être. Enfin ça autoriserait du moins une certaine prise de risque, jusqu'au jour fatal.
Et je crois aussi que l'autre truc qui est grave flippant avec Elle, c'est qu'on sait pas ce que c'est. Y a personne qui peut savoir ce qui nous attend derrière, et ça, ça fait peur. Est-ce qu'il y a un dieu? tout de suite, quand on se dit qu'il y en a un, la Mort paraît moins effayante. Ouf, on est attendu. Ouf, ce grand système a une logique, au final. Mais moi j'ai pas envie de croire en Dieu. J'ai pas envie d'imaginer qu'il y a un type, là-haut, qui regarde chacun de mes faits et gestes et qui dit "ça, bien, ça, pas bien". Parce que je crois être une personne bien, c'est ce que j'ai réalisé il y a quelques temps, je suis bien. Mes intentions sont généralement plutôt bonnes, jfais du mal à personne et j'aime pas les coups de trave. Je suis donc plutôt bien.

Mais on va tous crever.
Souvent je fais un petit bilan dans ma tête. Je me demande, si la Faucheuse se pointait, si je pourrais partir en paix. S'il y a rien que je regrette. Je crois que non. Je crois que j'ai tout fait comme il fallait, avec les moyens du bord. Je voudrais juste pouvoir en profiter, maintenant.

Oh mon dieu. Vous voulez vraiment savoir ce qui m'a lancée là-dedans? Je me suis vaguement réveillée vers dix heures, et là je me suis rappelé que ça fait six mois voire plus que je suis sensée aller voir une gynéco pour toutes ces vérifications, le cancer du sein, les trucs comme ça. Alors mon médecin m'ayant dit une fois que, si j'avais pas envie qu'il me palpe les espèces de bosses qui me tiennent lieu de seins, je pouvais bien le faire moi-même. Fallait juste pas trouver de petites bosses ou de trucs bizarres en touchant. Et puis évidemment, je me suis persuadé, de fil en aiguille, que j'avais le cancer. Magnifique preuve d'hypocondrie matinale. Suite à quoi je me suis rendormie et j'ai plongé dans mes rêves délicieux, qui n'ont en rien arrangé mon humeur. Suite à quoi je me suis réveillée et ça a été la cogite ultime, comme vous pouvez le constater.

Alors bon.

On va tous crever mais jusqu'à preuve du contraire, je me dois de considérer que je suis vivante et que c'est pas des espèces de psychotages débiles qui vont me foutre ma putain de vie en l'air. Donc plutôt que de rester chez moi et de vomir toutes les larmes de mon corps cette aprème, je vais aller faire du shopping avec Ma. J'essaierai au passage de faire un tour à HorsNorm pour me trouver du vernis - j'en ai plus. Je peux peut-être m'autoriser quelques 15€ de dépenses, après tout on va pas laisser la Mort nous gâcher une vraie séance shopping entre filles.

...

Y a des fois où je me dis que je suis très sage, comme nana.

Comments

[lutinette]

bienvenue au club des angoissées de la mort.. moi parfois je me pose aussi com ça et je me dis que c'est un fait ça arrivera (contradiction totale bine sur ac mes envies suicidaires..)mais je comprends tout à fait ce que tu veux dire (enfin je crois)et pr le cancer, je suis ds ma période "est ce que j'aurais pas une tumeur au cerveau" à cause de mes migraines.. c'est chiant, pquoi on peut pas prendre la vie com elle vient, elle sait ta psy ?allez bon shopping ça au moins ya pas à s eposer trop de questions!! ;)