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l'Extincteur
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l'Extincteur
29 février 2008

Du vivant

sucette_jou_jou_1C'est assez récent, que je pense ça, mais depuis que je suis en colocation, j'ai l'impression d'avoir une vraie vie de jeune, tout d'un coup. Je fais la fête tous les week-ends (ou presque); je me bourre la gueule, je regarde tous les beaux mecs qui me passent sous le nez, plein de choses comme ça. J'ai même eu ma première engueulade avec ma colocataire, mercredi, pour un truc de la plus haute débilité mais qui l'a empêchée de dormir toute la nuit et qui m'a fait pleurer pendant 3/4 d'heures. On était un peu fatiguées, sans doute. C'est agréable d'arrêter de se sentir responsable du monde entier, je devrais continuer.  Hier soir, sans même avoir bu, j'étais vraiment bien. Dans mon petit nuage. On devait aller à une soirée étudiante, et comme à chaque fois, on y a pas foutu un orteil. Alors j'ai foudroyé du regard tous ceux qui me déplaisaient, j'ai réclamé une glace à 11h du soir, j'ai regardé J graffiter la poussière du pare-brise de la voiture à mon prof de psy sociale, on a grillé la place à une petite dizaine de gens au Mc Do, on a critiqué son mec, tarabusté R dans tous les sens, parlé des seins des héroïnes Disney, et puis on est rentrées chez nous bras dessus bras dessous en nous félicitant mutuellement. Elle m'a dit que j'étais trop mignonne et mon mec m'a dit que je ressemblais à un lutin, ce qui m'a beaucoup plu. Aujourd'hui, avec Y, on a fait un peu de paperasses administrative et de recherche de taf, et on s'est calé sur une place. On a imaginé la vie de tous les gens qui nous passaient sous le nez.

Je crois que je lâche prise, petit à petit, sur le contrôle total de tout ce que je fais. C'est ce que David arrêtait pas de me dire, contrôler tout, ça sert à rien. Je crois que je commence juste à comprendre ce qu'il voulait dire. Tiens en parlant de lui, mercredi prochain j'ai les résultats de mes partiels et j'angoisse un peu, mais je me suis dit que si c'était réussi, je lui passerai le premier coup de fil de ma vie pour lui annoncer la bonne nouvelle. Comme ça il sera fier de moi et ce sera bien. Il me félicitera sûrement plus que ma propre mère, qui sait.

Ah, tiens, en parlant d'elle. Mardi chez ma psy, j'ai compris pourquoi ma mère semble faire comme si certaines choses n'existaient pas. Elle annule. Rien que ce mot, ça a été la révélation. Vous savez, l'annulation ça fait partie de ces mécanismes de défense inconscients, il y a le refoulement, le déni, l'annulation et je sais plus trop quoi d'autre. Bref, ma mère annule. Toute représentation gênante ou inacceptable est repoussée très loin dans son inconscient, et cette chose n'existe plus pour elle, tout simplement. C'est ce qu'elle fait avec mon corps, et aussi avec le fait que je puisse être quelqu'un de sexué, je crois. vous me direz, ça se rejoint un peu. Donc voilà, pour une raison inconnue, mon corps et mon éventuelle féminité sont inacceptables, alors sa réaction consiste à les ignorer ou à démolir verbalement toute manifestation de leur part.
Ma psy m'a demandé si ma mère serait pas jalouse de moi, aussi. Elle m'a demandé de chercher des indices de notre rivalité (c'est une hypothèse qu'elle fait). Alors je cogite, et je me dis que peut-être, ma mère me considère pas en rivalité avec elle (du moins, pas volontairement), mais je pense surtout que, vers le début de l'adolescence, elle a ragé de voir que je prenais pas le même chemin qu'elle. Elle m'aurait sans doute voulu pareille qu'elle: avec un corps sportif et souple (elle déteste les gens raides, va savoir pourquoi), pas esthétique du tout (à quoi bon s'encombrer de chichis trompeurs et futiles, je vous le demande); avec un rapport catastrophique avec les mecs (pour qu'on puisse pleurer ensemble sur notre solitude et notre célibat). Deux Bridget Jones, quoi. Et puis bon, j'avais commencé à être comme elle, mais les gens m'ont rappelé à l'ordre direct. J'ai eu droit à des "pourquoi tu gagatises" dans les dents, ainsi qu'à un petit assommage guérisseur (pour m'apprendre à me défendre); les hommes j'ai essayé de leur faire confiance et ça marche plutôt, dans l'ensemble; le roller, j'ai vite réalisé que je n'aimais pas ça (oui, ma mère fait du roller et même des compétitions de roller), et quant à l'aspect esthétique, j'enviais tellement mes copines sexy, à l'aise dans leur corps et dans leur féminité, que j'ai cherché à faire pareil. Ce qui a sans doute causé rage, détresse et incompréhension de la part de ma mère, qui a décidé de tout me balancer dans la gueule puisque j'étais différente d'elle.

ouais, ça me paraît logique, comme explication. Bon évidemment, je suis loin d'avoir terminé mon analyse, résolu tous mes petits conflits internes et tout ça, mais je trouve que je suis sur la bonne voie et ça me branche bien. Je préfère être moi-même, bordel. Et puis tiens, dans les autres bonnes nouvelles, ça fait un petit moment que je me suis pas trouvée grosse et difforme. ça aide pas mal pour le moral. Bon il y a aussi eu une petite perte de poids, que mon mec semble avoir remarquée... mais enfin, mieux vaut ne pas trop se focaliser là-dessus. Pour aujourd'hui, je me trouve tout à fait mignonne, mince, sympa, adorable, voire rigolote ou déjantée, et le qualificatif de "lutin" me convient tout à fait alors je vais rester dans ce trip-là. route

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Commentaires
F
A ce que tu en dis, la collocation ça me tente bien, pour l'année prochaine....J'ai un peu peur de ne pas avoir de "liberté" avec une collocatrice, mais bon, après tout il y a l'air d'avoir des avantages!
l'Extincteur
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