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l'Extincteur
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l'Extincteur
6 décembre 2007

day of the dead

Besoin de parler. Thé est en train de chauffer. Yeux restent difficilement ouverts. Encore fait de la merde ce soir. Je cogite rdv de cette aprème avec J (la fille qui va reprendre mon apparte). Etrange rdv, étrange fille aussi. A la fois glauque, sympa, froide, timide et chaleureuse. Etant donné que c'est par l'intermédiaire de ma psy qu'on s'est rencontrées, je m'étais demandé si on en resterait qu'aux sujets "bateaux" et réglementaires, ou si on se parlerait un peu de tout ce qui nous a menées à voir B (la psy). Enfin, je pensais pas qu'elle se livrerait autant. Avec beaucoup d'humour et un cynisme presque terrifiant, elle m'a raconté ses multiples hospitalisations, ses sautes d'humeur, sa peur des mecs, et enfin, plein de trucs personnels. J'en revenais pas. Du coup je me suis livrée aussi, mais le plus bizarre dans l'histoire, c'est que le récit de ses péripéties m'a fait crever de rire. En y repensant, j'espère ne pas l'avoir mise mal à l'aise, mais c'est juste qu'elle avait une façon de raconter ça, un peu genre "ahlala ce qu'on peut en faire des conneries des fois", qui me faisait beaucoup rire. Et puis bon, elle riait aussi.
Mais évidemment, on allait pas parler que d'elle. Je sais plus trop comment on s'est mises à parler de moi, mais enfin elle m'a fait comprendre qu'elle avait bien remarqué l'état de mes bras (j'ai épilogué...), et puis comme on se racontait des petites anecdotes marrantes sur nos hospitalisations, j'ai à un moment parlé de celle où j'avais fait un malaise (en y repensant je trouve ça toujours assez drôle, parce que je m'étais barrée du service à une ou deux heures du matin pour aller parler au veilleur de nuit qui était un peu marabout sur les bords, que j'étais tombée dans les pommes et qu'il avait dû appeler David ainsi que quelques autres infirmiers qui m'ont remorquée jusqu'à ma chambre et portée jusqu'à mon lit, et même que David a ensuite passé les heures qui ont suivi à prendre ma tension, me relever les pieds, regarder ma tronche et me raconter des conneries) et là, clac, petite question incisive de sa part, "pourquoi un malaise, tu manges pas?" Et, inévitablement, la remarque "parce que t'es quand même super mince". Ah, là par contre je riais plus. J'étais même foutrement embarrassée, je sais jamais quoi dire quand on me dit ça. Elle s'est mise à me dire qu'elle se trouvait grosse (bon elle a un léger embonpoint, mais enfin rien de bien catastrophique), qu'elle voulait perdre quinze kilos, et qu'elle refusait tous les mecs qui s'approchaient d'elle parce qu'elle pensait tout de suite "ha comme ça il aime les grosses???" (genre, quel pervert ce type) et ne se prive pas pour le leur dire. Et puis je sais pas. Je me trompe peut-être, mais elle avait l'air de m'envier. Je déteste ça. C'est comme quand S, une fille de la fac, admire ma minceur, me demande quelle taille je fais, du 34, du 36? bin non, du 38. Enfin, plus ou moins. Ces filles me donnent toujours l'impression d'attendre le remède miracle, ça m'énerve trop.

A J, je lui ai dit qu'elle était très bien, que c'était mieux qu'elle reste comme elle était plutôt que de se mettre à faire des séances de sport interminables, pour ensuite compter les calories et autres comportements merdiques mais dont on ne peut pas toujours s'empêcher, mais elle avait l'air de s'en foutre. ça me rend malade, et d'autant plus que moi j'ai fait la même chose. Quand j'étais à l'hosto, j'en avais rencontré, des boulimiques et anorexiques. Je me sentais très grosse moi aussi, j'étais encore jamais passée aux actes pour y remédier, mais malgré les avertissements de K, qui m'avait dit de ne JAMAIS commencer à vomir, un an après c'était mon tour - et ça m'énerve trop. Aussi débile que ça puisse paraître, je n'avais pas pu m'empêcher d'être fascinée par leur minceur (ou maigreur), de les envier. Quelle merde. Maintenant, il semblerait que c'est mon tour, de faire des envieuses.


Bordel, si je pouvais leur passer l'envie à jamais de commencer à faire de la merde, ça me plairait bien. J'ai envie de dire qu'on se sent conne, très, très conne, que se gerber sur les doigts c'est dégeu, qu'avoir les phallanges mordues c'est chiant, qu'on perd des tas de thune dans de la bouffe (enfin pour la boulimie...), qu'avoir les larmes aux yeux en regardant de la bouffe dans des magasins, vomir de l'eau, trembler tout le temps, ne pas arriver à se lever le matin, être à la limite du malaise, tout ça c'est plus que gavant - mais quelque part je me demande à quoi ça sert de dire ça, parce qu'enfin se sentir grosse ça fait beaucoup souffrir aussi. ALors je sais pas, j'ai pas la réponse. Le tout serait peut-être d'entamer une thérapie avant de commencer à merder, mais est-ce qu'on va consulter quand on pas vraiment de symptôme particulier et gênant? est-ce qu'on peut vraiment s'en rendre compte avant? je crois pas. Parce qu'au début, on se dit de toute façon que ça va aller.



Ah je voulais dire autre chose aussi, mais je sais plus ce que c'était. Ah oui. J'ai été voir ma psy aussi, ce soir. Je lui ai dit que ça y est, j'étais retournée dans une période où je me sentais mince. Que j'avais même passé la soirée avec B et des potes à lui, et que face à l'un d'eux, j'avais eu l'impression d'être une vraie crevette, qu'il pourrait me casser la tête rien qu'en me faisant la bise. Je lui ai dit aussi que j'avais l'impression de ne plus avoir de fesses, de seins, et que mes hanches sont un perpetuel questionnement puisque je les vois encore comme des coussins rembourrés, mais que mes os roulent sous mes doigts. Et puis j'ai dit aussi que même si je voyais mon corps comme ça, le voir si mince ne me le fait pas reconnaître pour autant dans la glace. Ma psy a répondu que tout ça c'était très bien, parce que mon image "subjective" ressemblait de plus en plus à mon image "objective". Allons bon. Elle a vraiment l'air convaincu que je suis mince, elle.

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