Renie

Mais quelle merde suis-je encore en train de foutre? j'ai passé un week-end immersion totale dans tout ce que la société rejette, violence, alcool, idées extrêmistes, visions de mecs à capuche avec des trous pour les yeux et la bouche, matraques/bombes lacrymo, chiens, "suce moi" et compagnie. (Enfin, il ne s'est rien passé de vraiment grave, c'est vrai, à part peut-être une belle peur, une belle colère et une ou deux bastons). Je n'irai pas plus loin dans les détails sous peine de voir mon blog se changer en débats interminables, mais ... quelle merde est-ce que je suis en train de foutre??? putain!
Il va bien falloir que je me mette dans mon crâne épais que je ne DOIS pas renier mon père (aussi con qu'il puisse être, il y a mon frère qui est innocent lui), que certaines choses que je ne connais pas font malgré tout partie de mes origines, et donc de mon identité; que le confort, la protection, la vie de groupe et les valeurs qu'on m'offre semblent très belles, mais ça ne sert à rien de se bander les yeux. Tout ça peut être très beau en théorie, mais enfin ce genre d'histoire ça se finit facilement dans le sang. Il faut que je fasse un tri de tout ce qu'on me propose, il faut que je garde de la distance, bordel. Et que je me renseigne moi-même, pour éviter le bourrage de crâne.
Tant pis s'il s'agit de gens extrêmement proches. je ne dois pas être là-dedans, ou pas comme ça, pas maintenant.
Et que faire de ce bouillant désir de protection? Ah ils sont drôles. La prochaine fois, il a raison, j'appellerai les keufs. Je combattrai la non confiance maladive qu'ils m'inspirent et je taperai 18 sur mon téléphone, plutôt qu'un certain numéro. Il faut que je me dise que cette belle illusion, cette protection sauvage et acharnée peut très bien se retourner contre moi, un jour. Si, par exemple, mon deuxième continent d'origine entrait en guerre contre le premier. Mais qu'est-ce que je suis allée foutre là-dedans au juste? quels besoin avaient-ils d'être si cultivés, convaincants - et si beaux, pour certains?

Alors je dois faire quoi, au juste? les fuir comme de la peste? impossible. Prendre les valeurs qui m'intéressent, rejetter les autres? me créer mon propre groupuscule? me balader avec une arme, comme on me l'a conseillé? acheter un chien? changer de ville? parler à ma psy? ouais. Bah de toute façon je vais pas avoir le choix. Je viens de passer quarantes minutes au téléphone avec David, à ne parler que et exclusivement de ça, et il ne m'a pas caché qu'il a mis mon éducatrice et ma psy au courant. C'est super. Je vais me faire rabacher les oreilles dans le sens inverse, et tout le monde, me voyant fragile et hésitante, va vouloir me rallier à sa cause. C'est déjà ce qu'ils font, eux. Sauf qu'ils ne me gueulent pas dessus, alors ça les rend plus convaincants. Seigneur, il n'y a rien de pire, conflictuellement parlant, qu'une personne d'un parti Y essayant de convaincre une personne d'un parti Z. Tout le monde s'énerve, tout le monde se gueule dessus. Et je vais être au milieu.

[n'empêche. Après toutes les diverses fuites que j'ai testées, que ce soit dans les envies suicidaires, les scarifications, la boulimie, l'alcool, je dois bien dire que celle-ci me paraît comme la plus cocasse.]
[n'empêche 2. David a très bien joué son rôle de substitut paternel. En ce qui concerne le substitut maternel, je crains tellement de me faire hurler dessus toute gorge déployée que je n'ose rien lui dire.]

hum.

[n'empêche 3. Et c'est bien la première fuite que j'inaugure où je ne me mets pas directement en danger. Je suppose qu'il y a du bon, quelque part. Dans mon évolution.]